Avant de tomber enceinte, je m’étais jouée la scène du test de grossesse d’innombrables fois dans l’imaginaire, et je dois vous avouer qu’elle était bien plus glamour dans mes rêves qu’elle le fut ce matin là (rires), Je pensais me filmer pour la postérité et enregistrer mes impressions.
Il n’en fut rien..
C’est à peine réveillée, le ventre vide, les mains moites et les jambes fébriles que je me suis dirigée timidement vers la salle de bains pour mettre un terme aux doutes qui m’habitaient depuis 7 longs jours.
Assise dans le dressing, fixant le test de grossesse pendant d’interminables minutes je me rendis compte alors qu’une déception immense m’habiterais si le test s’avérait être négatif.

Après avoir vu le film d’une vie de future maman défiler devant mes yeux, je pris le test de grossesse et à mon plus grand bonheur j’eus la confirmation que le rôle le plus merveilleux de ma vie m’attendait.
Je n’ai pas réagi de suite, le test m’est apparu flou pendant quelques secondes dû à mon immense émotion..
Je me souviens d’un moment d’absence, je fus comme paralysée pendant quelques minutes, incapable de me lever de mon tabouret de peur de tomber à la renverse, je me souviens aussi d’éclats de rires francs et sincères accompagnés de trépignements de pieds tant ma joie ne pouvait être contenue… puis enfin, des larmes teintées de bonheur et de nostalgie de mon enfance ont coulées…
Je me suis promenée dans chaque pièce de la maison mon test de grossesse à la main sans le quitter des yeux, jamais!
Je pris ensuite ce cliché dans un état second pour être certaine que je ne rêvais pas... Cette matinée fut certainement la plus étrange et une des plus belles de ma vie.
Complètement centrée sur mes ressentis et sur ma petite guimauve au creux de moi.
Le 1er trimestre
Dés les prémices de ma grossesse j’ai compris hélas que la suite serait compliquée, en effet, j’ai éprouvé une grande fatigue et un dégout pour la nourriture dés 4 semaines. J’ai le souvenir de nos jolies vacances de Noël en Alsace pendant lesquelles nous étions contraints de rentrer après chaque sorties aussi courtes furent-elles pour que je me repose une heure dans l’espoir de recharger un peu les batteries.
Le cadre était pourtant merveilleux, la féerie des marchés de Noël était envoûtante, l’ambiance était conviviale au possible et les spécialités alsaciennes on ne peut plus gourmandes.. seulement voilà.. elles me donnaient de terribles nausées et je n’étais enceinte que de 4 semaines. Cependant cette période fut sans aucun doute la plus amusante de ma grossesse, futur papa et moi nous amusions beaucoup de mes envies de femme enceinte, je raffolais des citrons dans lesquels je croquais sans même sourciller à la grande surprise de Monsieur, moi qui n’ai jamais aimé la tomate voilà que c’était devenu mon aliment préféré, moi qui adorait le fromage je n’avais plus vraiment envie d’en manger, et la viande que j’adorais.. eh bien je ne voulais plus en entendre parler! À ce jour je consomme d’ailleurs 3 fois moins de viande qu’avant. J’avais aussi des envies farfelues de Coca ou de cornichons à 2 heures du matin (rires)
Après un doux séjour dans la très jolie région d’Alsace, j’ai été en proie à des pertes de sang régulières dues à un décollement placentaire, mon gynécologue m’a donc prévenue dès le départ qu’il ne pouvait me garantir une grossesse jusqu’au terme. J’ai donc vécu dans l’angoisse de voir la grossesse se terminer prématurément pendant 3 mois.

Dés ma cinquième semaine de grossesse j’ai commencé à régurgiter de manière excessive et ce jusqu’au terme.
Je vomissais environ 4 à 5 fois par jours. J’ai d’ailleurs passé le réveillon de Noël 2019 au lit, en pyjama, le chignon défait avec une poubelle à côté du lit…
Le 31 Décembre 2019 fut une journée mémorable, nous avions rendez-vous avec le gynécologue pour mon échographie de datation pendant laquelle nous avons pu voir notre enfant pour la toute première fois. Quel moment merveilleux! Je n’ai pu contenir mes larmes en voyant cette minuscule crevette que j’appelais déjà bébé guimauve. Fébrile et entre deux vomissements j’ai réussi à poser toutes les questions qui me taraudaient l’esprit et à profiter de ce court moment de bonheur pur avec le futur papa.
Le mois de Janvier fut plus désagréable que le précédent. Les vomissements se sont intensifiés (8 à 12 par jours) et des frissons de fatigue me faisaient trembler du matin au soir. J’étais angoissée à la perspective d’avoir à me préparer avant une sortie car le moindre geste me demandait des efforts surhumains.
Me lever du lit relevait du parcours du combattant pour moi.
Il était désormais clair que j’étais en fait atteinte d’hyperémèse gravidique.. dont le corps médical ne m’a d’ailleurs jamais parlé ce qui parait quand même fou avec du recul.
Je ne connaissais pas ce terme et je me suis laissée dire pendant toute ma grossesse que mes nombreux vomissements étaient des symptômes normaux de grossesse et que l’on ne pouvait rien y faire.
J’ai donc rapidement mis mes parents dans la confidence puisque ma grossesse était quasiment impossible à cacher. Mon papa semblait inquiet de mon manque de tonus et de ma mauvaise mine.
Dans cette période difficile, tout ce qui me donnait la force d’avancer c’était la perspective de voir mon joli bébé à la prochaine échographie.
Je pensais être au bout de mes mauvaises surprises quand un terrible symptôme de grossesse méconnu du corps médical a jugé bon de s’inviter, transformant ainsi ma grossesse déjà très désagréable en calvaire absolu!
J’ai nommé la dysgueusie de grossesse.
Que vous dire si ce n’est que les vomissements en comparaison étaient agréables.
La dysgueusie de grossesse vient perturber la perception du goût et provoque une sensation de goût de fer dans la bouche, ça c’est dans le meilleur des cas, j’aurais rêvé avoir ce goût de fer dans la bouche.. car moi, j’avais un goût terriblement amer et acide constamment dans la bouche et ce, peu importe ce que je mangeais, mâchais ou les bains de bouches que j’essayais de faire. Croyez moi j’ai tout essayé (vinaigre, sel, bicarbonate de soude, dentifrices, bain de bouche) RIEN n’a pu ôter ce goût infâme dans ma bouche qui m’a énormément déprimée. Pire encore, le goût de tous les aliments se voyaient modifiés par cette foutue dysgueusie.. mon jus d’orange adoré du matin avait maintenant le goût d’un jus de poubelle (non non je n’exagère pas, c’était terrible) le moindre aliment que je mangeais amplifiait ce goût indescriptible dans ma bouche et m’à provoqué des crises de larmes à plusieurs reprises. Ce goût ne m’a malheureusement quitté que le jour de mon accouchement.. c’est donc avec le pire symptôme que j’avais connu jusque là que j’ai entamé le mois de Février qui apportait son lot de mauvaises surprises également.
Le Mardi 2 Février, mon médecin traitant m’a contactée pour m’informer que mes résultats sanguins révélaient un diabète gestationnel et qu’elle avait donc prévenu le service diabétologie-endocrinologie de ma maternité afin que je sois suivie de plus près. Elle m’a dit qu’ils me contacteraient rapidement. Le ciel me tombait sur la tête.. alors que je tenais déjà difficilement debout et que je régurgitais chacun de mes repas il allait falloir que je surveille mon alimentation désormais ? dans un élan de déni, j’ai ignoré les appels de ma maternité jusqu’au lendemain par peur qu’on me demande de me rendre sur place ce qui impliquait pour moi des efforts surhumains, tels que me lever tôt le matin, prendre une douche, m’habiller, me brosser les dents, supporter un trajet en voiture et tout cela pour apprendre une mauvaise nouvelle.. mais je me suis rapidement ravisée pour le bien-être de mon bébé et j’ai finalement répondu. S’en est suivi une hospitalisation pendant laquelle on m’a confirmé ce diabète et informée du régime alimentaire strict à suivre jusqu’à la fin de ma grossesse. On m’a également appris à mesurer mes glycémies à l’aide d’un lecteur de glycémie. J’ai donc connu les joies des piqûres avant et après chaque repas ( 6 fois par jour).
Très fatiguée et déprimée ce jour là, j’ai imploré les médecins de me trouver un traitement pour mes vomissements et ma dysgueusie de grossesse mais la seule réponse que j’ai eu en retour fut cette phrase particulièrement frustrante « tous ces symptômes sont normaux, on ne peut rien y faire, vous verrez ça passera au deuxième trimestre »
Ce ne fut jamais le cas. Bien au contraire, plus les mois passaient plus les symptômes s’amplifiaient.
Le 2ème trimestre
Ce trimestre fut incontestablement le plus difficile, celui pendant lequel j’espérais voir s’atténuer ou disparaître ces maudits symptômes… ce ne fut malheureusement pas le cas. Je n’ai jamais autant vomi que pendant cette période ( jusqu’à 20 fois les jours les plus terribles) et ce avec un régime alimentaire à respecter désormais, ce qui rendait ma prise de glycémie obsolète. J’ai connu des pertes de connaissances et la dysgueusie de grossesse semblait s’être amplifiée.

Pour ne rien arranger la menace de la Covid 19 planait désormais sur la France. Le confinement a rendu mon suivi médical très compliqué et le cabinet de ma sage femme a fermé. Futur Papa n’a pas eu le droit de se rendre à l’échographie du deuxième trimestre avec moi et donc de découvrir le secret de son bébé. J’ai trouvé cette consultation que j’avais tant attendue très triste..
Paradoxalement, le confinement a apporté son lot de bonnes choses pendant ma grossesse, mon mari a été restreint au chômage partiel et en télétravail ce qui lui a permis de passer le plus clair de son temps avec moi et de pouvoir être présent pour m’aider au quotidien et pour commencer à créer le cocon de notre futur bébé (ma partie préférée).
Je lui exposais mes idées pour la chambre de notre futur fils et nous recevions des colis chaque jours qu’il m’aidait à déballer avant de monter les meubles et peindre sa chambre. Il se rendait au magasin seul afin de m’éviter une exposition au virus et rentrait s’occuper de moi et de la chambre de notre bébé. Malgré la sévérité des symptômes, la joie de recevoir des articles de puériculture et de me projeter dans cette vie de maman suffisait parfois à m’apaiser et à me combler.
J’ai adoré cette période un peu particulière pendant laquelle le monde semblait vivre au ralenti et que tout tournait à la maison autour de ce petit être qui allait bientôt agrandir la famille.
Le 3ème trimestre

Le trimestre le moins difficile au niveau des symptômes avec certaines journées pendant lesquelles je ne vomissais pas. Des glycémies plus stables et surtout, la date du terme qui approchait.
J’ai ressenti un petit peu moins de fatigue pendant ce trimestre ce qui m’a permis de sortir quelques fois et d’organiser une superbe baby shower avec mes amies les plus proches.
Le dernier mois fut difficile, avec la rétention d’eau en plein mois de juillet et les fortes chaleurs. Et puis ce désir ardent de rencontrer mon bébé.. je n’en pouvais plus. Ce fut très difficile pour moi de passer ces dernières journées à juste attendre que bébé arrive. Très active et énergique de nature j’ai ressenti cela telle une torture.. le jour du terme est finalement arrivé mais bébé n’avait toujours pas pointé le bout de son nez….